La fille au soutien gorge bleu, 2015
Exposition personnelle, Galerie Papillon, Paris

"Je cherchais à faire une sculpture d'un corps féminin allongé, une vénus ou une  odalisque, un thème classique dans l'histoire de l'art sculptural autant que pictural, mais l'adapter à notre monde d'aujourd'hui.
Ce n'est qu'en découvrant par hasard sur internet une vidéo d'amateur relatant le moment d'une manifestation sur la place Tahrir au Caire, le 17 décembre 2011, où l'on voit un groupe de militaires égyptiens trainant, frappant sévèrement et déshabillant une manifestante que j'ai trouvé comment travailler cette idée de représentation en sculpture d'un corps allongé.
(L'image de cette "fille au soutien gorge bleu" a fait le tour du monde, elle est devenue symbolique du mouvement insurrectionnel du peuple égyptien cherchant à imposer la démocratie, mais aussi du comportement agressif et de harcèlement sexuel masculin envers la femme lors de ces évènements (une soixantaine d'agressions en 4 jours). C'est une image équivalente à cette femme, appelée depuis la "Madone d'Alger", qui le 23 septembre 1997 pleure, terrassée par la douleur, à la suite du massacre de 200 personnes, à Bentalha, par des extrémistes en Algérie.)
L'impression depuis quelques années de la détérioration de l'image de la femme et de sa condition toujours problématique dans nos sociétés a rendu évident le rapprochement de cette image à mon souhait de construire un corps allongé. J'ai cherché une position paradoxale du corps, un conflit contradictoire entre, d'une part, une tension d'ordre érotique et une pesanteur inanimée, d'autre part. L'ensemble est menacé par la chute et l'abandon.
La résolution, formelle et proprement sculpturale,  interroge le poids du corps, son socle, le sol, le vide et l'espace créé par la rhétorique gestuelle et colorée. J'ai voulu rassembler ici la violence et la beauté."
La vénus de la place Tahrir, Françoise Vergier, 31 août 2014