18, un monde nouveau
18, un monde nouveau, 2018
Œuvres présentées dans l'exposition, Centre d'art contemporain de Saint-Restitut
"Ma mère m'a toujours beaucoup parlé de la guerre de 14-18. Elle lui avait enlevé son père en 1914, parti au combat comme beaucoup de français. Il revint méconnaissable et mourut en 1923 des suites de cette guerre.
Aînée de 4 enfants dans une famille paysanne pauvre, elle dut quitter l'école pour travailler la terre, alors que, reçue première du canton au certificat d'étude, l'inspecteur était venu demander à mes grands-parents de lui faire poursuivre ses études.
Je suis allée, il y a plus de 20 ans, visiter le paysage, les lieux et les monuments de Verdun, avec l'idée de faire quelque chose. Je me suis toujours souvenue des morceaux de ferraille que j'avais trouvé en grattant à peine le sol, dans ces parcelles boisées qui pérennisent encore les trous d'obus... alors cette campagne, bien que verdoyante, trop silencieuse, m'était apparue imprégnée d'une chose terrible. Comme si toutes les âmes de nos morts « pour la patrie » étaient restées là pour nous indiquer l'abomination. Nous dire que les hommes avaient été arrachés à la vie, pour en quelque sorte payer le prix de la conservation du dessin des frontières françaises... que la carte du territoire nous apparaîtrait définitivement comme la peau d'un animal dépecé vivant, tendue et exposée... pétrifiée dans la mémoire des récits.
J'ai dessiné ma mère à l'âge de 75 ans, seulement cet été, à partir d'une photo d'identité." F.V.
Aînée de 4 enfants dans une famille paysanne pauvre, elle dut quitter l'école pour travailler la terre, alors que, reçue première du canton au certificat d'étude, l'inspecteur était venu demander à mes grands-parents de lui faire poursuivre ses études.
Je suis allée, il y a plus de 20 ans, visiter le paysage, les lieux et les monuments de Verdun, avec l'idée de faire quelque chose. Je me suis toujours souvenue des morceaux de ferraille que j'avais trouvé en grattant à peine le sol, dans ces parcelles boisées qui pérennisent encore les trous d'obus... alors cette campagne, bien que verdoyante, trop silencieuse, m'était apparue imprégnée d'une chose terrible. Comme si toutes les âmes de nos morts « pour la patrie » étaient restées là pour nous indiquer l'abomination. Nous dire que les hommes avaient été arrachés à la vie, pour en quelque sorte payer le prix de la conservation du dessin des frontières françaises... que la carte du territoire nous apparaîtrait définitivement comme la peau d'un animal dépecé vivant, tendue et exposée... pétrifiée dans la mémoire des récits.
J'ai dessiné ma mère à l'âge de 75 ans, seulement cet été, à partir d'une photo d'identité." F.V.
"Le poing d'une femme et le poing d'un homme pour une guerre de la résistance. Depuis toujours, il y a des personnes qui ne cèderont pas. C'est ainsi que je peux croire à une humanité, sauvegardée de sa soumission au déclic de l'éveil. Oui, la beauté est toujours en instance, là où le grand jeu de l'imaginaire n'abolit pas le hasard. Aujourd'hui plus encore qu'hier le prix du NON coûte cher à toute singularité ouverte sur l'ailleurs. Des idées, des pensées, l'art, l'amour n'ont pas de prix." F.V.