Pâques à New York
Pâques à New York, 2009
Par Gilles Verneret
Par Gilles Verneret
D'immenses bateaux noirs viennent des horizons
Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons.
Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,
Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols.
Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens.
On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens.
C'est leur bonheur à eux que cette sale pitance.
Seigneur ayez pitié des peuples en souffrance.
Seigneur dans les ghettos grouille la tourbe des Juifs.
Ils viennent de Pologne et sont tous fugitifs...
Ils sont dans des boutiques sous des lampes de cuivre,
Vendent des vieux habits, des armes et des livres...
Je suis avec des Chinois, qui comme avec le dos,
Sourient se penchent et sont polis comme des magots...
Seigneur l'aube a glissé froide comme un suaire,
Et a mis tout à nu les gratte-ciel dans les airs.
Déjà un bruit immense retentit sur la ville.
Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.
Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
Les ponts sont secoués par les chemins de fer.
La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées,
Des sirènes à vapeur rauques comme des huées.
Une foule enfiévrée par les sueurs de l'or
Se bouscule et s'engouffre dans de longs corridors.
Blaise Cendrars, avril 1912
Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons.
Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,
Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols.
Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens.
On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens.
C'est leur bonheur à eux que cette sale pitance.
Seigneur ayez pitié des peuples en souffrance.
Seigneur dans les ghettos grouille la tourbe des Juifs.
Ils viennent de Pologne et sont tous fugitifs...
Ils sont dans des boutiques sous des lampes de cuivre,
Vendent des vieux habits, des armes et des livres...
Je suis avec des Chinois, qui comme avec le dos,
Sourient se penchent et sont polis comme des magots...
Seigneur l'aube a glissé froide comme un suaire,
Et a mis tout à nu les gratte-ciel dans les airs.
Déjà un bruit immense retentit sur la ville.
Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.
Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
Les ponts sont secoués par les chemins de fer.
La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées,
Des sirènes à vapeur rauques comme des huées.
Une foule enfiévrée par les sueurs de l'or
Se bouscule et s'engouffre dans de longs corridors.
Blaise Cendrars, avril 1912
Seigneur le temps se courbe imaginaire.
Cent ans après me revoici dans ce port si amer,
De ne plus t'y trouver, seule cette enfance morte,
Arpente les quais noirs où les joggers apportent.
Cette mélancolie rieuse au bras des rues, Chelsea,
Quand tu animes tardive les curieux dans les galeries.
Dans un bar de jeunesse la police admoneste,
Un alcool à la main l'étranger "you're arrest!"
Les sirènes de la nuit passent les doubles fenêtres,
Empêchent le silence et le repos d'émettre.
Gilles Verneret, septembre 2009
Cent ans après me revoici dans ce port si amer,
De ne plus t'y trouver, seule cette enfance morte,
Arpente les quais noirs où les joggers apportent.
Cette mélancolie rieuse au bras des rues, Chelsea,
Quand tu animes tardive les curieux dans les galeries.
Dans un bar de jeunesse la police admoneste,
Un alcool à la main l'étranger "you're arrest!"
Les sirènes de la nuit passent les doubles fenêtres,
Empêchent le silence et le repos d'émettre.
Gilles Verneret, septembre 2009