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Texte de Gilles Verneret
Introduction du chapitre Le Testament européen, 2002-2025
Texte de Gilles Verneret
Introduction du chapitre Le Testament européen, 2002-2025
L’Europe est un territoire géographique1 qui s’étend de l’Oural à la Grèce et de Gibraltar au Cap Nord, territoire historiquement issu de l’Empire romain, envahi par la christianisation et générant peu à peu, au fil de l’Histoire, une idée d’une Europe Morale à faire grandir. Ensemble qui essaie aujourd’hui de renaître politiquement à vingt-sept sous le label UE.
J’ai commencé mon travail testamentaire début 2002 sur ce continent par un voyage en Rhénanie où j’ai réalisé une première série sur l’après-guerre allemande, moi-même étant né cinq ans après la Deuxième Guerre mondiale. Je me suis ensuite pris au jeu de ce "voyage d’Europe", bourlinguant à travers les différentes cultures, où je mettais en avant les événements passés constitutifs du présent, provoquant comme un touriste la rencontre avec les personnalités de l’art qui me semblaient au dernier chef ce qu’il y avait de plus important dans le concept de ces nations.
Revenant sur les traces "des grands demeurants" comme je les nommais, et que j’avais appréciés au long de ma formation, pour faire ce pélerinage oculiste comme l’avait défini Michel Poivert.
J’insistais sur les lieux des figures emblématiques de l’histoire européenne : grands personnages et guerres, écrivains, peintres et cinéastes. L’individu à mes yeux portant l’essentiel de ce qui fait l’originalité ou la particularité d’une culture dans un territoire donné, au travers de la langue, de son écriture plastique ou textuelle.
Transmettant le fruit de mes pérégrinations dans des photographies et de petits textes sous forme de légendes, je les regroupais dans des chapitres thématiques autour de villes dans lesquelles je déambulais en quête de leur esprit, saisissant le pouls et les vibrations des rues et des paysages.
Je me disais que "j'aurais vu ce que d’autres yeux ont vu" marqué du sceau de leur disparition. Il restait juste les traces muséales de ce long parcours, où l’absence était souveraine, aventure commencée en Allemagne, Rhénanie et Bavière, où je croisais Hitler et son abject "mein Kampf", Herman Hesse et les camps de la mort, Louis II dans ses délires ; pour me rendre par-delà les Alpes en Italie sur les traces de Pier Paolo Pasolini à Rome et à Casarsa, Carlo Levi à Eboli, Bassani à Ferrare, Lampedusa et Visconti en Sicile. Puis traversant la Méditerranée, j’ai suivi le chemin des conquistadors de l’Estrémadure : Cáceres jusqu’à Séville, Tanger, Don Quichotte et Buñuel, Grenade et la tombe de García Lorca, puis rejoint Lisbonne et le Portugal et son magnifique Pessoa me guidant dans son parcours de l’intranquillité.
Je fis un saut d’avion jusqu’à Dublin pour fêter le "Bloom’s day" de James Joyce, redescendis dans les terres de pierre du Connemara, croisant les famines et les poésies de William Butler Yeats, avant de me rendre en musique à Londres sur le passage clouté des Beatles à Abbey Road. Poursuivi par le même road movie cette fois en Écosse des films à grand spectacle, je revisitais Highlander et ses noirs châteaux me ramenant à la guerre du feu, devenais touriste au viaduc de Glenfinnan dans le train imaginaire de Harry Potter.
Dans le musée réel, cette fois, de Münch à Oslo, où des baigneuses bravent l’eau gelée, je retrouve l’ennemi du peuple qu’est Poutine, contre lequel manifestent les courageux norvégiens, à l’ombre d’Ibsen.
Balkanique tour et Sur la piste du Danube enclencheront un périple sur la mémoire poudrière de l’ex-Yougoslavie éclatée en nationalités fragiles, poussé jusqu’au Péloponèze et à Ithaque pour saluer le vieil Ulysse et les restes de sa Pénélope.
Ce testament européen s’achèvera à Auchwitz pour saluer la mémoire de ce peuple juif, où j’avais commencé mon testament, à Dachau, vingt-trois ans auparavant.
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— 1.
L’Europe est un territoire considéré conventionnellement comme un continent, délimité à l’ouest par l’océan Atlantique et la mer du Groenland, au nord par l’océan Arctique. Sa limite méridionale est marquée par la mer Méditerranée et le détroit de Gibraltar qui la sépare de l'Afrique, tandis que la mer de Marmara (avec les Dardanelles et le Bosphore) et la mer Noire marquent sa frontière avec l'Asie de l'Ouest. Sa limite à l'est, fixée par Pierre le Grand aux monts Oural, au fleuve Oural, à la côte nord-ouest de la mer Caspienne et au Caucase est la limite traditionnellement retenue, mais reste, faute de séparation claire et précise, l'objet de controverses sur l'appartenance ou non d'un certain nombre de pays au continent européen.
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