La série Points de vues (2010) est un ensemble de plans d'architecture exposant une typologie de miradors et guérites présents dans le paysage algérien. Ces dessins ont été réalisés à partir de prises de vues interdites de ces constructions. Les cartouches des plans indiquent entre autres choses, les coordonnées géographiques, la hauteur du point de vue, le nombre d'observateurs, les défenses accessoires. Demeure indécise la destination de ces plans. Constituent-ils du renseignement pour de potentiels insurgés aux prises avec le pouvoir algérien ? Proposent-ils une offre de service pour les bâtisseurs de l'ordre contre-révolutionnaire ? Ou, comme le titre peut nous le laisser entendre, n'y voyons-nous que des dispositifs de perception du paysage ?

La pièce Know-how (savoir-faire) (2011) est constituée d'une cinquantaine de balles de flashballs accrochées à la cimaise et composant le mot "Know-how". Le signifié met en évidence le savoir-faire reconnu dans le monde entier des forces de sécurité française... Composée de ces boules, la graphie se fait flottante sur le mur. Le fabriquant d'armes stéphanois Verney-Carron, dépositaire du copyright flashball ©, a gracieusement offert les balles de caoutchouc.

Le second ensemble d'œuvres expose les premiers jalons du projet Yldune-égérie (2009-2011). Le projet se fonde sur un scénario succinct et lyrique inspiré de l'affaire Tarnac. Le scénario est exposé ici sous la forme d'un triptyque intitulé Amorce. Cheminant vers la réalisation du scénario : un pull en cachemire sur un cintre en fer à béton, deux crochets destinés à entraver la circulation des TGV (Evidence (2011)), un Prototype dormant servant de cache insurrectionnelle dans les campagnes françaises, quatre miniatures vidéographiques... Autant d'avatars du projet liés à des contextes spécifiques mettant diversement à l'épreuve le processus en cours (ainsi les prises de vues du diptyque photographique This isn't a poem ont été réalisées à Emeryville, suite à une traversée des USA d'est en ouest).

Prise dans sa globalité, l'exposition This isn't a poem construit une dramaturgie minimale. L'exposition s'élabore par accords, échos, contrastes à la façon d'un montage cinématographique. Accords, échos, contrastes des formes, des matériaux. Elle s'appuie sur une rigueur plastique qui émerge du jeu (jouer à la poésie, jouer à l'architecture, jouer à la photographie, jouer au sabotage, jouer à lire... jouer sans pasticher). Les marqueurs contemporains qui jalonnent les pièces se ressourcent au récit historique ou littéraire. Les processus de création s'irriguent d'occasions épousées ou construites, de rencontres.