Jean-Baptiste Sauvage
Updated — 02/11/2020

sans titre

Sans titre, 2005 Projet de panneaux publicitaires fixés sur les structures de bois et métal préexistantes.
Belgrade, Serbie, février 2005
Photos : © DR
Vue de l'un des deux buildings, au pied la structure sans les panneaux. Image d'archive, Belgrade, février 2005
Vue des deux bâti­ments dans le prolonge­­ment de l'avenue. Image d'archive, Belgrade, février 2005.
Deux panneaux publicitaires, dimensions variables, fixés à la structure.
Extrait de l'entretien réalisé avec In Extenso en novembre 2007 :
In Extenso : Sur l'image que tu nous as envoyée, on voit deux immeubles de Belgrade ravagés depuis la guerre, pour quelle raison n'ont-ils pas été démolis ?

Jean-Baptiste Sauvage : Ils restent plantés comme des témoins, stigmates laissés là semble-t-il pour exacerber le nationalisme. Il existe à Belgrade trois autres « ruines » comme celle-ci, des cibles très précises bombardées par l'OTAN:  Une tour de téléphonie, antenne-relais, et deux bâtiments de l'armée, quartiers généraux. Le gouvernement connaissait ces cibles ainsi que l'heure des frappes aériennes et a pourtant laissé sciemment des civils à l'intérieur de l'un des buildings pour les élever au rang de victimes et ainsi rassembler l'opinion publique derrière lui. Le gouvernement a par la suite refusé des aides européennes de destruction ou de réhabilitation de ces bâtiments... Le symbole des plaies que l'on ne veut pas refermer doit rester debout et visible par tous.

Un ami natif de Belgrade m'a raconté les prémisses de la guerre, les premiers affrontements inter-communautaires qui éclatent régulièrement lors de matchs de football (pour déborder ensuite au-delà des stades jusqu'au point que l'on connait), bien sûr ce n'est pas la raison du conflit mais les stades et ce jeu qui n'en était pas un en ont été le terreau.

J'ai repris une petite série d'images, prises sur le vif entre les allers-retours des deux militaires, gardiens des ruines de jour comme de nuit, ces photos n'avaient pas pour but de prendre la forme d'un quelconque projet. C'est plus tard en regardant ces images que je remarque au pied des deux bâtiments surplombant encore les trottoirs, deux structures de bois et barres métalliques, échafaudages visiblement installés là pour protéger les passants en vue d'éventuelles chutes de gravats. Ces deux structures s'apparentent à deux gradins, tribunes vétustes se tournant le dos. Les panneaux publicitaires que je propose de fixer sur les structures surlignent, révèlent cela... L'histoire de Belgrade est totalement liée à cette image, les deux tribunes mises dos à dos la représentent...
© Adagp, Paris