Traversant et questionnant différents champs thématiques, le cheminement importe ici autant que le résultat : une observation de notre monde, son appréhension personnelle autant qu'universelle, un point de vue depuis notre époque, enfantés par un siècle de visions mécanistes du temps, de l’espace et de la vie.

Être artistes en cette période très particulière, qui peut être dénommée anthropocène ou capitalocène, nous positionne selon moi précisément au centre des observations et des imaginations prospectives liées à notre siècle. Membres de l'espèce humaine, fraîchement conscients des changements géologiques majeurs qui s'opèrent depuis quelques générations, nous ne pouvons plus nous extraire de l'hégémonie technologique et industrielle sur laquelle repose notre nouvelle existence terrestre.

Nous pouvons cependant mener ensemble des actions poétiques dans le paysage en pleine mutation, nous pouvons proposer des tentatives de relations bienveillantes avec les autres espèces survivantes. Nous leur devons de nous décentrer et observer notre milieu commun d'un œil autre, tout en gardant notre cœur battant pour la beauté du monde.

Loin des virtualités et du chant artificiel de leurs sirènes, je recherche un ré-apprivoisement de la matière et de l'espace physique, la rencontre des autres vivant·es, le déplacement de nos corps sur notre planète, sa situation dans tout un cosmos.