Archétype est une exposition qui rassemble les pièces de Romain Boulay, John Cornu, Antonin Kremer, Perrine Lacroix, Jonathan Loppin et Nicolas Milhé avec pour axe de travail la mise en question explicite du rapport que l’œuvre entretient avec le visiteur/spectateur. Ce dernier se retrouve effectivement dans un rapport physique d’action avec les œuvres réunies et constituées in situ. Le rapport à l’architecture s’y trouve mis en jeu de manière à la fois directe et contextuelle.

Par ailleurs, un ensemble de pièces plus objectales vont mettre l’accent sur un enjeu trop rarement travaillé : de quelle manière un artiste privilégiant dans son travail le principe de l’in situ peut-il, dans sa pratique, concilier ce privilège avec la production de pièces destinées, elles, à circuler, voire à entrer dans des collections.

L’espace du rez-de-chaussée de L’Escaut est triangulaire, il va en s’amenuisant vers une grande baie vitrée qui ouvre le regard sur un non-paysage, une cour aveugle, un mur blanc. Vue sur cour amplifie ce phénomène, en déployant et multipliant les vitres dans l’espace par opération de glissement et d’ombre portée, de transparence et de miroir.

"Il semble que la nature contemplée aide à la contemplation, qu'elle contienne déjà des moyens de contemplation. (...) Mais est-ce le lac, est-ce l'œil qui contemple le mieux ? Le lac, l'étang, l'eau dormante nous arrête vers son bord. Il dit au vouloir : tu n'iras pas plus loin ; tu es rendu au devoir de regarder les choses lointaines, des au-delà ! Tandis que tu courais, quelque chose ici, déjà, regardait. Le lac est un grand œil tranquille. Le lac prend toute la lumière et en fait un monde. Par lui, déjà, le monde est contemplé, le monde est représenté. Lui aussi peut dire : le monde est ma représentation. Près du lac, on comprend la vieille théorie physiologique de la vision active. Pour la vision active, il semble que l'œil projette de la lumière, qu'il éclaire lui-même ses images. On comprend alors que l'œil ait la volonté de voir ses visions, que la contemplation soit, elle aussi, volonté." Gaston Bachelard, L'Eau et les rêves, Chapitre Ier, § V.