Pour parler
Pour parler, entre art et sociologie - rencontre avec Slimane Raïs
Par Pascal Nicolas-Le Strat
Presses Universitaires de Grenoble, 2002, 98 pages
Par Pascal Nicolas-Le Strat
Presses Universitaires de Grenoble, 2002, 98 pages
Ce livre est né d'une rencontre, la rencontre entre un artiste intrigué que l'on puisse parfois qualifier son œuvre de sociologique et un sociologue intéressé par cette œuvre précisément parce qu'elle était désignée ainsi !
La proposition artistique de Slimane Raïs a toujours à voir avec l'autre, avec cet autre que chacun porte en lui (l'intime), avec cet autre aussi vers lequel le destine sa socialité (le commun). Entre l'intime et le commun, entre l'écoute privée et la rencontre publique, l'œuvre de Slimane Raïs interpelle et travaille différentes "configurations sensibles" : des fragments de vie que nous destinons à des répondeurs téléphoniques (Le Magasin, Grenoble, 1997), une émotion personnelle qui se mêle à une célébration publique (Crédac, Ivry, 1998), un secret jalousement conservé que nous dévoilons à un inconnu lors d'une rencontre de hasard (Arteppes, Annecy, 1997), les mots du commun que nous employons pour exprimer une part intime de soi, un désir (Art sur la place, Lyon, 2000), le partage incertain qui traverse nos CV, entre valorisation et dépréciation de soi (Villa du parc, Annemasse et la Galerie Mire, Genève, 2001).
Dans chacune de ces "configurations sensibles" se redispose ce que Jacques Rancière désigne comme "ordre du visible et du dicible", à savoir cette improbable frontière qui traverse nos existences et qui distingue la parole admise et la parole refoulée, cette disposition fragile qui hésite entre préservation de l'intimité et ouverture à l'autre. Le travail de Slimane Raïs sollicite cette capacité que chacun possède de se dissimuler ou de se déplacer dans son propre présent.
Comment parler d'une œuvre qui ne s'objective jamais définitivement, si ce n'est ponctuellement, sous la forme de traces ? Comment un sociologue peut-il parler d'un travail artistique qui lui renvoie, comme par effet de miroir, ses propres problématiques : la rencontre, l'échange, l'intime, le commun... ? Comment la sociologie réussit-elle à dialoguer avec un art qui s'invite dans ce qu'elle considère comme son "terrain" privilégié, dans ce que Henri Lefebvre nomme "Critique de la vie quotidienne" ou que Michel de Certeau désigne comme des "Arts de faire" ?
La proposition artistique de Slimane Raïs a toujours à voir avec l'autre, avec cet autre que chacun porte en lui (l'intime), avec cet autre aussi vers lequel le destine sa socialité (le commun). Entre l'intime et le commun, entre l'écoute privée et la rencontre publique, l'œuvre de Slimane Raïs interpelle et travaille différentes "configurations sensibles" : des fragments de vie que nous destinons à des répondeurs téléphoniques (Le Magasin, Grenoble, 1997), une émotion personnelle qui se mêle à une célébration publique (Crédac, Ivry, 1998), un secret jalousement conservé que nous dévoilons à un inconnu lors d'une rencontre de hasard (Arteppes, Annecy, 1997), les mots du commun que nous employons pour exprimer une part intime de soi, un désir (Art sur la place, Lyon, 2000), le partage incertain qui traverse nos CV, entre valorisation et dépréciation de soi (Villa du parc, Annemasse et la Galerie Mire, Genève, 2001).
Dans chacune de ces "configurations sensibles" se redispose ce que Jacques Rancière désigne comme "ordre du visible et du dicible", à savoir cette improbable frontière qui traverse nos existences et qui distingue la parole admise et la parole refoulée, cette disposition fragile qui hésite entre préservation de l'intimité et ouverture à l'autre. Le travail de Slimane Raïs sollicite cette capacité que chacun possède de se dissimuler ou de se déplacer dans son propre présent.
Comment parler d'une œuvre qui ne s'objective jamais définitivement, si ce n'est ponctuellement, sous la forme de traces ? Comment un sociologue peut-il parler d'un travail artistique qui lui renvoie, comme par effet de miroir, ses propres problématiques : la rencontre, l'échange, l'intime, le commun... ? Comment la sociologie réussit-elle à dialoguer avec un art qui s'invite dans ce qu'elle considère comme son "terrain" privilégié, dans ce que Henri Lefebvre nomme "Critique de la vie quotidienne" ou que Michel de Certeau désigne comme des "Arts de faire" ?