Cendres
Cendres, 2015
Ensemble de 6 photographies
Tirages Fine Art sur papier Hahnemühle, 65 x 65 cm ; 65 x 97,5 cm
Incrustation sur les images du texte de Samuel Beckett, Cendres, 1959. Mise en page Loïc Boyer.
/
Le titre renvoie à la pièce radiophonique de Beckett Cendres (1959). Dans une chambre (peut-être), un personnage parle seul ; il cherche à qui parler et fait resurgir des voix du passé et de l'enfance ; on entend d'autres voix que la sienne, qui sont peut-être le fruit d'une hallucination (des fantômes), mais aussi la scansion de la mer dehors, derrière la fenêtre.
Un court extrait du texte de Beckett apparaît au milieu d'une des images, sans qu'on n'en voie ni le début ni la fin, comme une voix surgissant de l'obscurité. L'ensemble est gris, couleur de cendres, reprenant en cela l'expression de Verlaine dans Art poétique : "Rien de plus cher que la chanson grise / Où l'Indécis au Précis se joint".
Les problématiques à l'œuvre ici sont celles de la frontière, de l'impossible passage, de l'étirement du temps, de la mémoire et de la disparition. Des personnages (des enfants, des adolescents, une vieille femme) attendent dans un espace étroit entre une fenêtre et un rideau. Le dehors apparaît sous la forme dématérialisée du rideau d'une cascade figé dans ses différents mouvements, il obstrue la surface de l'image et barre une éventuelle échappée.
Dans la chambre, la surface du tissu joue comme l'espace de projection d'une ombre et l'apparition des images. Elle instille aussi un doute quant à la réelle présence des figures humaines. Cette machine de vision intégrée au dispositif de prise de vue met en œuvre une réflexion sur la fabrication des images, spéculant sur leur apparition, et instaure des manières de les faire disparaître. Peuplant les photographies de fantômes et d'ombres, et par le motif obsédant de la fenêtre, Cendres renoue avec les primitifs de l'histoire de la photographie. Y.L.
Un court extrait du texte de Beckett apparaît au milieu d'une des images, sans qu'on n'en voie ni le début ni la fin, comme une voix surgissant de l'obscurité. L'ensemble est gris, couleur de cendres, reprenant en cela l'expression de Verlaine dans Art poétique : "Rien de plus cher que la chanson grise / Où l'Indécis au Précis se joint".
Les problématiques à l'œuvre ici sont celles de la frontière, de l'impossible passage, de l'étirement du temps, de la mémoire et de la disparition. Des personnages (des enfants, des adolescents, une vieille femme) attendent dans un espace étroit entre une fenêtre et un rideau. Le dehors apparaît sous la forme dématérialisée du rideau d'une cascade figé dans ses différents mouvements, il obstrue la surface de l'image et barre une éventuelle échappée.
Dans la chambre, la surface du tissu joue comme l'espace de projection d'une ombre et l'apparition des images. Elle instille aussi un doute quant à la réelle présence des figures humaines. Cette machine de vision intégrée au dispositif de prise de vue met en œuvre une réflexion sur la fabrication des images, spéculant sur leur apparition, et instaure des manières de les faire disparaître. Peuplant les photographies de fantômes et d'ombres, et par le motif obsédant de la fenêtre, Cendres renoue avec les primitifs de l'histoire de la photographie. Y.L.
Vue de l'exposition Parcelle, Atelier 19-1, Lyon, 2015