Didier Tallagrand
Updated — 15/07/2025

Que nuages

Que nuages..., 2010
Exposition, Musée d'histoire Jean Garcin, Fontaine-de-Vaucluse

1 sculpture à air, bois, soie noire, hauteur 2,5 m

— Entretien avec Christine Blanchet, catalogue de l'exposition, 2010

Christine Blanchet : "Que nuages..." est le titre de l’exposition mais c’est également celui que vous aviez proposé pour votre intervention. Pouvez-vous revenir sur ce choix et ses références littéraires ? Quel lien faites-vous entre celui-ci et la guerre, thème de l’exposition ?

Didier Tallagrand : Que nuages... est un projet rhizomatique de déambulations à travers une exposition, dont le point de départ est une pièce de télévision de Samuel Beckett. Dans les espaces de construction d’une pensée, les images sont des mouvements dans le monde de l’esprit et dans les nues qui se chargent et deviennent menaçantes. Des fumées s’y répandent, issues de foyers de conflits, élégantes petites trajectoires dans le bleu du ciel ou écrans poisseux qui obturent le soleil, comme effets fugitifs de terrifiantes armes à feu, d’explosions guerrières, d’orages violents...

Vos préoccupations d’artiste font plutôt référence au paysage, comment avez-vous accueilli cette proposition et quel est votre regard sur les questions de la mémoire et plus particulièrement sur celle de la guerre ?

Plus que la question de la mémoire, c’est la question de l’espace qui me préoccupe et de l’image à laquelle cet espace nous amène, comme évoquer un paysage, dresser une carte, invoquer le ciel... La guerre n’est pas un phénomène qui m’intéresse en tant que tel mais ses causes qui, souvent, sont liées au territoire et à ses représentations.

Au premier étage, vous avez installé une manche à air, on pense au souffle qui pousse les nuages mais quel sens donnez-vous à cette pièce et comment l’articulez-vous dans le parcours de l’exposition ?

Cet objet sert habituellement à indiquer la direction du vent sur les pistes d’aviation. Dans le contexte de l’exposition, cela renvoie aux raids aériens, aux atterrissages clandestins... En outre, à cet emplacement, le tissu est animé par la soufflerie de l’air conditionné qui est nécessaire pour conserver les objets des collections à une certaine température ; serait-ce là le souffle d’une mémoire et la réalité de cet objet dressé, flottant dans l’immatérialité de cette mémoire ?

Lorsqu’on connaît votre parcours, il y a une référence immédiate à une matière : la soie noire… Y a-t-il aussi une réminiscence avec votre propre histoire ?

La soie a seulement la particularité d’être à la fois le tissu le plus léger et le plus résistant.

Affiche de l'exposition

Catalogue d'exposition, 60 pages, 21 x 15 cm