Il s’agit pour l’artiste de travailler la question de l’exception dans un environnement donné, c’est-à-dire un environnement constitué d’éléments spontanés (voire chaotiques) qui serait bouleversé par l’intervention humaine.

Cette dualité entre l'artificiel et le naturel se réfléchit dans sa démarche. Émilien Adage développe un travail de sculpture qui mêle matériaux abrupts à d’autres plus délicats, pour créer des formes en tension entre concret et frêle. Sa pratique questionne tant les formes physiques (simples ou aux géométries complexes) que les outils de création, les manières de faire et fabriquer. 

Durant la résidence, l’artiste a choisi de se confronter au paysage grandiose de montagne en disposant des petits objets – créés à partir de matériel de randonnée – dans le décor naturel déjà majestueux et inclassable. Les expérimentations en altitude ont donc produit des objets fragiles et humbles. A contrario, une fois dans les salles d’exposition, les œuvres montrées sont imposantes et elles jouent avec les dimensions et l’architecture du lieu pour créer un parcours dépaysant. Les volumes montrés reprennent en effet l’esthétique du milieu alpin, troublant ainsi les repères matériels et formels. L’artiste propose une variante d'oasis qui se compose tantôt comme une architecture en ruine, tantôt comme une formation géologique stratifiée.