Unité de mesure Paysio 1
L'UNITÉ DE MESURE PAYSIO - EXP1
Série de photographies numériques
Refuge de l'Alpe de Villar-d'Arêne, Parc national des Écrins, juin 2020
Réalisée dans le cadre du programme de résidences d’artistes en refuge de montagne l'envers des pentes
— Texte d'Émilien Adage, publié dans l'édition L'unité de mesure Paysio – exp1, réalisée lors de la résidence :
Spartacus Paysio est pyramidal. Sa chevelure claire est ondulante comme Christoph Ransmayr. Il a l’allure d’un guide, fume beaucoup, a de belles montantes aux pieds et quelques marques sur le visage causées par les rayons ultra-violets.
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Ce soir-là, le refuge vient d’ouvrir, il n’y a pas encore de marcheurs. La turbine hydraulique n’a pas encore chargé la batterie, alors nous dînons dans la cuisine avec les gardiens, c’est la seule pièce chauffée. Le charbon n’est plus extrait sur terre depuis ses 35 ans, mais les derniers sacs permettent d’allumer le vieux fourneau. La soupe d’épinards sauvages est servie. Spartacus nous assure qu’en 2020 les montagnes étaient bien plus hautes et que le rempoissonnement des rivières d’altitude était déjà monnaie courante.
Aujourd’hui, il avance vers La Grande Ruine, son sac à dos est lourd. Cette oasis sera parfaite. Un peu de magnésie sur l’embase, il noue entre eux une série d’arceaux en aluminium. La structure en tension s’élève peu à peu et s’agrémente d’éléments assemblés (un cube d’argent matelassé, une antenne surmontée d’une casquette dorée, un rouleau de moquette verte, un trépied de sardines).
Il semble vouloir mesurer quelque chose, je me demande si sa casquette a réellement un pouvoir isolant. Le vent fait vibrer la couverture d’or, l’île flottante suit le courant. Quand l’équilibre est stable, il étend son drapeau au sol, filtre un peu de neige et observe les dernières marmottes qui s’approchent. Parfois il peint les élévations à la manière de Vassily Kandinsky.