Texts
Statement
2021
Statement
2021
Texte de Laurence Lochu
Publié dans le catalogue du Mois européen de la photographie, Éditions Paul di Felice et Pierre Stiwer, Luxembourg, 2021
Texte de Laurence Lochu
Publié dans le catalogue du Mois européen de la photographie, Éditions Paul di Felice et Pierre Stiwer, Luxembourg, 2021
Marine Lanier, photographe au bord du réel
Par Luc Desbenoit, Télérama, n°3657, février 2020
Marine Lanier, photographe au bord du réel
Par Luc Desbenoit, Télérama, n°3657, février 2020
Entretien avec Marine Lanier
Festival Les Boutographies, Pavillon Populaire, Montpellier, 2014 (extrait)
Entretien avec Marine Lanier
Festival Les Boutographies, Pavillon Populaire, Montpellier, 2014 (extrait)
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Après des études en géographie, littérature et cinéma, je suis diplômée de l'École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles depuis 2007. Je vis actuellement dans la Drôme non loin du Diois et du massif du Vercors. Je suis originaire de cette région âpre et sauvage. Walden ou la vie dans les bois n'est pas très loin. Depuis sept ans, je partage mon temps entre commandes photographiques et recherches personnelles. Par ailleurs, depuis 2013, j'enseigne la photographie à l'Ecole supérieure d'art numérique E-art Sup de Lyon.
Quelles ont été vos intentions pour "La Vie dangereuse" ?
Cette série poursuit de manière arbitraire le rythme même du parcours d'aventurier de l'écrivain Blaise Cendrars. L'espace littéraire est ici lié aux césures spatiales, créant de ce fait une géographie blanche logée en creux d'une temporalité trouble. Le propos n'est pas ici d'illustrer, mais de faire se rencontrer la fiction et l'autobiographie. Ces close up sont comme les fulgurances subliminales d'un homme en proie aux délires provoqués par la fièvre. Ce sont les images d'un passé inventé, revues dans une espèce de bouffée délirante. La course folle de ce soldat blessé de 1915 est confrontée à la rémanence de mes souvenirs lacunaires. Des errances impossibles et anachroniques intriquées aux éclats d'une généalogie morcelée.
C'est aussi une réflexion sur les mythologies de la guerre et leurs conséquences contemporaines. Nous retrouvons les réminiscences de 14-18, les points de vues militaires du génocide arménien de 1915, plus loin une jungle sourde renvoie aux guerres coloniales d'Indochine. Tandis que le visage de mon frère camouflé par la suie rappelle la figure du combattant.
Ces conflits sont ceux de régions ou de pays aujourd'hui disparus. Ces récits m'ont été rapportés durant l'enfance ou plus tard. La réalité de ces guerres ne m'appartient pas mais leur imaginaire imprime l'inconscient familial. Aujourd'hui j'en porte les traces et les souvenirs. Ces nappes enfouies remontent par stases dans le présent, comme les images latentes cachées depuis bientôt un siècle, prêtes à se révéler.
Par quels moyens techniques avez-vous su retranscrire la puissance sauvage et lyrique de la nature ?
L'image reste pour moi un espace de sidération, une sorte d'apoplexie visuelle, où le regard brûle, consumé par une chaleur qui dévore l'autour. Je tente alors d'approcher la notion d'aveuglement par des visions d'apocalypse, terme dont l'étymologie signifie "révéler, action de découvrir". C'est une vision fantasmée, intensifiée de la réalité. Par l'utilisation du gros plan, l'instinct souhaite reprendre sa place - j'utilise la chambre argentique grand format pour le rapport frontal et physique qu'elle me donne au réel. Pendant la prise de vue, c'est mon corps aussi que je mets à l'épreuve par de longues marches et le poids du matériel à transporter. Je laisse advenir les erreurs techniques de manière naturelle. L'image est parfois sale, abîmée, sous-exposée. Elle reste un monde à explorer où l'expérience est la voie.
Pouvez-vous nous expliquer le titre de votre série et le rapport avec l'œuvre de Blaise Cendrars ?
Mes photographies se nourrissent d'un intérêt pour l'archéologie, le passé, les rituels, l'ethnologie, les explorateurs, pour toutes ces traces qui nous sont énigmatiques. Dans ce prolongement, l'idée de conquête occupe une place centrale dans ma recherche. Des personnages fictionnels ou réels côtoient mon existence. Ils appartiennent à une mythologie d'aventuriers, mercenaires, hors-la-loi, pionniers, déserteurs ou bien encore à cette figure du conquérant. Leurs représentations questionnent notre enracinement et l'idée de chute inhérente aux expéditions. Le titre La Vie dangereuse est emprunté au recueil éponyme de Blaise Cendrars. J'ai songé à ce titre après avoir lu ce livre que j'avais intuitivement emporté lors d'un voyage en Arménie effectué pour la réalisation d'un autre travail Les Lointains. La notion de danger résonnait très fort à ce moment-là chez moi et cette lecture a complètement fait écho à la réalité intérieure que je traversais. J'ai pris conscience qu'il était question de survie et d'extrême dans l'ensemble de mon travail. L'extrême est un exil. Un exil de l'ordinaire des hommes. Ce danger, à mon sens, loin de nous précipiter vers la mort, intensifie la vie. Nous fait nous sentir vivants, présents au monde. Il ouvre des portes.
Vous semblez être très influencée par la littérature et le cinéma. Pourquoi avoir choisi la photographie ?
Les frontières sont pour moi très poreuses entre littérature, cinéma et photographie. Par ailleurs, la notion de montage inhérente au cinéma est très présente dans mon travail. Les textes choisis sont une pièce à part entière, bien plus qu'un accompagnement ou une citation. C'est à chaque fois comme une autre image qui vient s'ajouter. Ce sont d'ailleurs plutôt les photographies réalisées en amont qui me renvoient dans un deuxième temps aux textes, comme des échos de très anciennes lectures - de lectures primitives. Souvent, ce sont des histoires lointaines. Des auteurs datés dans des lieux éloignés. Par cette césure géographique et temporelle, c'est une confusion qui est provoquée : tout comme un gros plan nous laisse libre d'imaginer le hors-champs, l'association d'un texte à une série photographique brouille l'époque et le lieu de la prise de vue, trouble la lecture qu'on se fait d'une image. Elle élargit l'espace dans lequel on la situe. La photographie entretient quelque chose de spontané, d'immédiat et de direct avec le réel. C'est aussi dans l'espace d'exposition un face à face, une confrontation avec celui qui regarde. J'entretiens ce même rapport aux êtres, et aux choses lors de la prise de vue.
Pour autant, la photographie est une étape dans mon cheminement. Par la suite, je souhaiterais que ces différents médiums coexistent dans mon travail. La lecture, l'écriture, le cinéma, la photographie participent de ce même isolement du monde, de ce retrait. Il s'agit de se soustraire au temps pour mieux investir la vie. [...]
Des échos
Par Nina Ferrer-Gleize, 2013
Revue Utopia, Guide Culturel Rhône-Alpes, 2014
Des échos
Par Nina Ferrer-Gleize, 2013
Revue Utopia, Guide Culturel Rhône-Alpes, 2014
Texte de Pascal Thévenet
Pour l'exposition Il ne sentait pas le vin, il sentait la boue, la lie des cuves, Commande de la conservation départementale du patrimoine de la Drôme, Château de Suze-la-Rousse, 2010
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Pour l'exposition Il ne sentait pas le vin, il sentait la boue, la lie des cuves, Commande de la conservation départementale du patrimoine de la Drôme, Château de Suze-la-Rousse, 2010
Texte de Jean-Christophe Bailly
Revue Inframince n°4, Editions Actes Sud, Arles, 2008 (extrait)
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