Marine Lanier
Updated — 08/07/2021

Texts

Statement

2021

Texte de Laurence Lochu

Publié dans le catalogue du Mois européen de la photographie, Éditions Paul di Felice et Pierre Stiwer, Luxembourg, 2021

Marine Lanier, photographe au bord du réel

Par Luc Desbenoit, Télérama, n°3657, février 2020

Entretien avec Marine Lanier

Festival Les Boutographies, Pavillon Populaire, Montpellier, 2014 (extrait)

Des échos

Par Nina Ferrer-Gleize, 2013
Revue Utopia, Guide Culturel Rhône-Alpes, 2014

Texte de Pascal Thévenet

Pour l'exposition Il ne sentait pas le vin, il sentait la boue, la lie des cuves, Commande de la conservation départementale du patrimoine de la Drôme, Château de Suze-la-Rousse, 2010

Les photographies de Marine Lanier montrent quelque chose de la nature. Plutôt quelque chose du vivant qui pointe, qui s'accroche pour ne pas disparaître. Géologie, flore et humanité tentent de trouver un point d'équilibre pour cohabiter. Le rapport de force est constant. Un arbuste croît sur une marne, un feu consume des branchages, des pas s'impriment dans la cendre. Et un visage se couvre de suie.
À travers les photographies de la série L'Ubac, Marine Lanier découvre un mouvement incessant entre minéral et végétal, avec pour intercesseur l'humain, ou son prolongement : l'outil. L'angle choisi par la photographe n'est pas tant de montrer la supposée omnipotence de l'homme sur son environnement. Comme en témoigne la série sur les usages et paysages viticoles dans la Drôme, résultat d'une commande passée par la Conservation départementale du patrimoine, la nature est transformée patiemment, par étapes lentes.
Contrecarrant le cliché du travail de la vigne, Marine Lanier va au plus près de son sujet au point que le raisin se dissout en une matière organique et sombre, que son jus circule dans des artères translucides, que l'exploitant se couvre de traces de coagulation... Marine Lanier n'est pas la première à faire l'analogie entre le vin et le sang. Mais elle réactive cette image en gardant en tête la phrase de Jean Giono : "il ne sentait pas le vin, il sentait la boue, la lie des cuves."
Pour rendre compte du travail de la vigne comme pour témoigner du suspens de la vie, Marine Lanier raccourcit la distance focale comme si elle ne voulait plus faire de la prise de vue mais une capture du réel.
Ici le blanc aveuglant se transmue à l'état de grume noire, le corps se laisse engloutir dans les ténèbres chimiques d'une cuve, happé par un magma originel, par une chaleur sombre retenue dans de sourdes et toxiques effluves. La réalité est constituée de ces éclats organiques, comme si elle était une peau humaine, rejoignant, le registre premier de la sensation.

Texte de Jean-Christophe Bailly

Revue Inframince n°4, Editions Actes Sud, Arles, 2008 (extrait)