Belvédères
Série de 20 tirages photographiques, cadre chène 60 x 70 cm et un dos bleu 210 x 280 cm
Pour le Petit Larousse, un belvédère est un nom masculin, de l'italien bello beau et vedere voir, qui désigne une construction, un pavillon au sommet d'un édifice ou sur une terrasse, d'où l'on peut voir de loin.
Pour un grammairien, un belvédère est soit un mot qui apparaît dans la langue française en 1512, soit le synonyme de falaise, point de vue, hauteur, terrasse ou de fabrique, gloriette, kiosque, mirador, observatoire, pagodon, pavillon, pergola et même ziggourat.
Pour un géographe, un belvédère est un point culminant ou simplement élevé qui permet d'embrasser une vue large, qu'elle soit pittoresque ou non.
Pour un architecte ou un urbaniste un belvédère est avant tout une construction en harmonie avec sa fonction : balcon, tour, cabane d'observation, flèche, folie ou campanile. Ce n'est pas un hasard que le bien voir et le bien construire apparaissent ensemble à la Renaissance, faisant jouxter le bien voir et le bien construire.
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Pour un touriste, un belvédère est avant tout une halte après une grimpette épuisante, un coin où reposer ses pieds et son dos tout en regardant le paysage puisqu'il est venu pour ça.
Pour un photographe, c'est avant tout son appareil photo, que celui-ci soit une chambre sophistiquée ou un petit appareil numérique. Grimpé sur sa machine, il observe le monde et même les lieux d'où l'on observe le monde. Cette mise en abîme du point de vue est une des caractéristiques les plus imposantes de la photographie. Le belvédère se superpose totalement à l'œil. Pour Bertrand Stofleth, le bien voir et le beau voir sont les principes stricts du travail qu'il mène depuis plusieurs années, mêlant sens et formes de belvédère, jouant sur les équivalents imagés des mots, jouant la surprise ou le porte-à-faux pour réinventer des belvédères jamais vus, jamais exprimés, jamais perçus parce qu'aléatoires ou approximatifs. Curieusement, au fil de ces quelques dernières années, son acception du mot et de la chose ne s'est pas démesurément élargie. Pas de dilution perceptible ou de chemin de traverse excédentaire puisque c'est dans cette approche de moins en moins diffuse qu'il élargit son sujet. Lorsqu'il sera clos, si cette occurrence arrive un jour, ce sera l'annonce de la fin de la quête. De la clôture du travail. De la finitude des points de vue. La fresque du regard sera close, non comme une suite de clichés mais en un panorama formé non pas de paysages montés l'un derrière l'autre mais de toutes les possibilités de voir de haut sans que l'on puisse deviner la nature qui s'y montre. C'est le paradoxe du travail de Bertrand Stofleth.
Pour Louis XIV, c'était un acte de pouvoir : « En sortant du château par le vestibule du couloir de marbre, on ira sur la terrasse ; il faut s'arrêter sur le haut des degrés pour considérer la situation des parterres des pièces d'eau et les fontaines des Cabinets » 1
— 1. In Louis XIV : « Manière de montrer les jardins de Versailles », Mercure de France, 1999.