Ouvert, 2010
16 photographies couleur, 20 x 30 cm
● L'équilibre ou la disparition, Éric Hurtado, 2010
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Se poser la question du territoire. Une étendue de terre géographiquement délimitée ? Un espace pensé par l'homme ou l'espace d'une pensée ? Territoire physique ou mental ? Dois-je l'illustrer ou le redéfinir ? Celui-ci n'existerait-il que dans le champ de mon regard ? Mon regard ou ma vision ?
Photographier le territoire, est-ce le rendre visible ? Cela signifierait-il que celui-ci fût invisible, ou peut-être indiscernable, et que dans ce cas ma pratique photographique reviendrait, dans une sorte d'arpentage visuel, à établir sa réalité en traçant des lignes, en mettant mes pas dans l'errance des sentiers, autant de lisières entre ombre et lumière ?
Suivre la ligne pour amener à l'existence la vraie image, ne serais-je pas en train de réaliser une icône ?
Oui, le territoire comme un au-delà, pourtant infiniment proche, et question tout à la fois.
J'ai abordé le territoire comme un port du réel.
Ouvert, un chemin du visible, la question du réel faite présence.
Photographier, écrire avec la lumière, c'est accueillir la question de la lumière, et cette lumière portant à l'existence sa question comme présence.
Dans la sidération d'un réel se révélant par éclats, présent dans son retrait, à mes yeux, à mon coeur, face à cette lumière, ombre sourde, quelle approche possible ?
Serais-ce une question de distance, de mise au point avec un sujet insaisissable, un accord soudain entre deux abîmes ?
Fondre la mesure de mes pas à l'harmonique de l'image-gibier, le silence, l'écoute.
Ecouter pour voir, un équilibre entre l'inspir et l'expir.
Territoire medium, entre le regard et la vision.
Disparaître pour révéler l'image, un chemin qui ne se dit pas.
● Ni studium ni punctum, Cédric Avenier, 2010
Publié dans Ouvert, un chemin du visible, Pays d'art et d'histoire des trois Vals, 2010
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La pensée de l'art est une chose sujette à erreur, car délicate et incertaine ; du moins inexacte puisqu'elle interroge la sensibilité de l'âme et, pour le commun, une fois expliquée, éclaircie, traduite, elle reconduit l'œuvre à quelque chose d'autre.
La pensée de l'art trompe l'art en tant que production sensible. Néanmoins, c'est un chemin inévitable, qui ne conduit pas au salut, mais psychopompe, nous y guide.
Pareil est l'œuvre d'Eric Hurtado, interrogeant le sensible, tout entier sujet aux erreurs d'interprétation, mais psychopompe, nous guidant vers le spirituel.
Voici des photographies qui n'offrent pas d'effets de lumières, de couleurs, de compositions, de cadrages premiers, parfois même pas de sujet, pas de détail évident.
Des photographies ?
Un geste choisi, de décence et d'équilibre, refusant la démesure qui engendre l'orgueil.
Une interrogation des limites du médium pour n'en tirer que le sens propre de la nuance.
Un œil qui, se retournant, « cherche au fond de la pensée » plutôt que de regarder autour de lui, laissant alors apercevoir ce qui n'a jamais été vu et qui, vrai –car la nature n'apprécie que la vérité – ne craint pas d'être traité de « non-contemporain».
● Lire Porter au regard, dérober au regard, entretien d'Éric Hurtado avec Christelle Four et Laurence Dalmasso, 2010