Hommage
HOMMAGE À JEAN-CLAUDE GUILLAUMON
Ensemble de textes et témoignages d'artistes et d'acteur·rices culturel·les ayant partagé son parcours.
Guillaumon et la photographie, Une relation ambivalente, Anne Giffon-Selle, avril 2023
Christian Bernard, janvier 2023
Christian Lhopital, janvier 2023
Thierry Raspail, janvier 2023
Niek van de Steeg, janvier 2023
Anne Marie Rognon, janvier 2023
David Leyval, janvier 2023
Extraits des newsletters écrites par Ben Vautier, depuis 2003
Guillaumon et la photographie, Une relation ambivalente
Anne Giffon-Selle, avril 2023
« Avec la photographie, je change d'identité : de spectateur déguisé en peintre, je me retrouve auteur déguisé en spectateur. » Giulio Paolini
La photographie comme appartenance à son temps/marqueur d'une époque
En 1973, c'est par le truchement du médium photographique que Jean-Claude Guillaumon renoue avec une pratique artistique qu'il avait abandonnée entre 1969 et 1972. Il a pourtant toujours refusé d'être identifié comme « photographe » et ceux dont il a présenté le travail parmi les innombrables expositions qu'il a montées, se comptent sur les doigts d'une main. Quand il commence à l'utiliser, la photographie dite « plasticienne » n'a pas encore gagné ses lettres de noblesse ni ses exégètes. L'histoire de la photographie a encore peu croisé celle de l'art contemporain. Guillaumon les connaît très bien toutes deux mais c'est de la deuxième dont il se réclame. Il ne se retrouve nullement dans les querelles esthétiques et techniques qui animent les photographes d'hier et de son temps, ni dans les mouvements qui en structurent l'histoire : ni dans ses tendances documentaires, ni dans la photographie humaniste dont il redoute par-dessus tout le sentimentalisme ; ni même dans la plus actuelle et conceptuelle École de Düsseldorf qu'il admirait pourtant. Ses premières œuvres sont avant tout des images nées du désir d'enregistrer des actions, telles que les ont produites les artistes du happening et de la performance.
De cette photographie-là, celle de Fluxus et de l'Arte Povera, il retient la dimension narrative. Tout en mettant à distance, voire en niant, tout discours et spécificité technique, ses images ébauchent des micro-récits, revisitent la mythologie contemporaine de l'art (figure de l'artiste, microcosme artistique, histoire de l'art) confrontée au réel, et ceci à l'aide de deux procédés persistants : l'image séquentielle évoquant la chronophotographie et le cinéma - nous y reviendrons -, ainsi que son procédé de prédilection, le photomontage, tout d'abord aussi rudimentaire que les premiers collages dadas (L'artiste décrochant la lune, 1974) puis affiné au fil du temps. Il a plus rarement recours au floutage de sa propre figure comme dans L'Hommage à Bacon de 1977, Colette et ses amants (2007) et, surtout, Portée Littéraire (2004). Cette double image, tant par son traitement en noir et blanc, la décomposition du récit en diptyque, la mise en scène et le flou provoqué par un mouvement accidentel, suggère une connivence avec le duo d'artistes Anna et Bernhard Blume, qui s'étaient eux aussi volontairement démarqués de l'École de Düsseldorf, dont Bernhard était pourtant issu. Les mêmes thématiques – histoire de la modernité, confrontation de l'artiste à la matérialité d'un environnement récalcitrant, relation de couple, etc. - sont abordées sur le mode du burlesque, comme pour voiler la portée métaphysique du propos.
De la renaissance à l'effacement
Le travail de Guillaumon, tout comme celui des Blume, est peut-être trop souvent réduit au procédé de l'autoreprésentation photographique. Il s'impose tout d'abord à lui pour des raisons pragmatiques, parce qu'il permet une économie artistique en autarcie familiale1, de faire vite avec ce qui lui tombe sous la main, dans l'esprit du bricolage des premiers photomontages. L'autoreprésentation est aussi courante, voire banale, dans les mouvements artistiques contemporains des débuts de Guillaumon, ceux qui lui importent, en l'occurrence Fluxus (Ben, Robert Filliou) ou l'Arte Povera (Luigi Ontani). Cette autarcie économique manifeste aussi à ses débuts sa farouche indépendance vis-à-vis du marché de l'art.
Cependant, les seules contingences économiques ne sauraient éclairer à elles seules le recours persistant à la répétition ou à la démultiplication de sa propre figure. Dans chaque œuvre, Guillaumon mime un métier, une occupation ou un trait de caractère (le peintre, l'architecte, l'amant, le militant, l'arrogant, le comédien, le musicien de jazz, etc.), ou encore un état psychologique (séries des Tensions de 1984 ou des Discussions de 1985). Autant de figures incarnant les multiples passions qui ont façonné sa personnalité. « Chaque Guillaumon est un être possible » écrit Sylvie Lagnier2 : Guillaumon, l'homme et l'artiste, toujours incomplets et pourtant ne faisant qu'un, est constitué de cette multiplicité d'êtres, que, dans une quête sisyphéenne, son œuvre tente de réunir sous les oripeaux de l'humour (On n'est jamais seul dans sa peau. (H. Michaux) en 2004, Toute une équipe en 2008). Quand son travail commence à s'affirmer, l'époque est à la déconstruction de la notion d'auteur et l'image de l'artiste tend elle aussi à perdre son aura. En cela, il est plus proche d'une autofiction issue du nouveau roman (Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet) qu'il a beaucoup lu, que de l'autoportrait ; une autofiction que n'aurait justement pas renié le Structuralisme et qui consiste en un regard posé sur le récit de soi.
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Comme bien des plasticiens qu'il montrera à la Maison des Expositions de Genas et au Centre d'arts Plastiques de Saint-Fons (Urs Lüthi, Joël Hubaut, Jacques Charlier, Gilles Barbier3...), c'est le plus souvent sur le mode de l'autodérision que Guillaumon met en jeu la figure de l'artiste, dans un double élan d'affirmation crâne et de reconnaissance de la vanité de l'artiste démiurge. En fait, ce leitmotiv bégaie plutôt qu'il n'assène ; l'incertitude identitaire et le syndrome de l'usurpateur se dissimulent pudiquement sous les apparences de la bouffonnerie. L'ego ressassé n'en est pas moins divisé (L'un torturant l'autre en 1980, installation vidéo Double je(u) ou jeu d'ego en 1993 ou encore Les frères Jean et Claude en 2004), et son dédoublement au sein d'une même image en clair-obscur, noir et blanc ou sépia, diffracte autant d'échos mélancoliques de lui-même, au bord de l'effacement (le très beau Sans commentaire, 2007). La photographie telle que la conçoit Guillaumon est ambivalente : celle qui l'avait fait renaître à l'art, peine ensuite à le préserver de l'effacement. Elle est narrative mais également le médium d'une figure spectrale instable. L'artiste est au fond peu de choses ou reste indéfinissable, et sa disparition est d'ailleurs souvent mise en scène tout au long des années 1970 (Art baudruche ou Eclipse dès 1973, Enflammé de 1975). À force d'agitation, l'artiste sujet devient insaisissable et ses contours s'effacent comme dans le prétexte de l'Hommage à Bacon en 19774.
Guillaumon l'illusionniste
Dans nombre d'œuvres, cette vaine agitation est renforcée par une gestuelle ou des mimiques appuyées qui, associées au procédé de la mise en scène, rappellent de toute évidence le goût de Guillaumon pour un théâtre qu'il a de tout temps beaucoup fréquenté. Pourtant, le recours aux images séquentielles, à la multiplication des apparitions fantomatiques, ainsi qu'a la pantomime, nous renvoie aussi aux débuts du cinéma, en particulier muet et burlesque. Les procédés de l'artiste, déjà évoqués et somme toute assez élémentaires, s'apparentent aux premiers trucages de Mélies (escamotage, dédoublement et multiplication du moi, collage au montage, flou, etc.), eux-mêmes inspirés du monde de l'illusionnisme. Mais Guillaumon ne cherche pas tant à duper le spectateur qu'à raviver un plaisir originaire, celui de nos premières blagues potaches comme celui de nos premiers tours de magie rudimentaires. Les titres dont les œuvres donnent souvent une interprétation littérale – de L'artiste décrochant la lune en 1974 à Arrêt sur image en 2010 - ménagent un va-et-vient entre trivialité et gravité, parvenant ainsi à « donner à l'évidence une portée épique », comme l'a joliment formulé Thierry Raspail5. « Épique »... et poétique, pourrait-on rajouter.
L'emphase gestuelle et l'expressivité des visages sont de l'ordre du burlesque, celui du music-hall (voir l'œuvre éponyme de 1996) puis du cinéma muet. Guillaumon partage ce goût pour la mise en scène et les mimiques burlesques avec bien des artistes qu'il a côtoyés ou exposés - Robert Filliou, Ben, Urs Lüthi, Gilles Barbier, etc. - qui, comme lui, aiment à « faire l'idiot » pour préserver de toute suffisance la portée critique ou existentielle de leurs œuvres. Son approche se révèle néanmoins plus gestuelle, engage tout le corps jusqu'à assumer une gaucherie accentuée par sa taille imposante. À partir des années quatre-vingt surtout, son jeu d'interprétation alterne ce mode outrancier et une impassibilité parfois hiératique, qui le fait qualifier par Michel Le Bayon « de la race des comiques figés » (Harold Lloyd, Charlot, Buster Keaton)6. À la grande différence que Guillaumon n'a justement pas « figé » son image dans un même personnage. On le rapprocherait donc plutôt du moins connu Max Linder qui endossait également de multiples identités : médecin, toréador, maître d'hôtel, mousquetaire...
En conversation avec l'histoire de l'art
L'artiste et sa femme (1974) et L'Hommage à Bacon (1977) offrent deux exemples emblématiques de ces attitudes contrastées – impassibilité et exubérance. Mais ils nous rappellent aussi que le travail de Guillaumon repose sur un dialogue constant avec les œuvres du passé. J'ai déjà signalé son admiration pour la chronophotographie de Marey et Muybridge, en filigrane de son usage de la photographie séquentielle dès les années soixante-dix, et plus assumée encore dans La course ou le coupeur de fil de 1996. Mais dès 1966, l'installation Cézanne 667 qu'il montre à la MJC de Monplaisir, propose une interprétation prosaïque d'un pan essentiel de l'histoire de la peinture, en renvoyant un tableau à la matérialité première de son sujet. Cette approche tautologique de la modernité, traitée sur le mode de la dérision et de l'impertinence, dans un esprit potache proche de celui de Duchamp et de Picabia, est caractéristique de ses débuts. Le même esprit anime donc son interprétation littérale du Déjeuner sur l'herbe de 1967, « premier tableau vivant » réalisé pendant le salon Regain avec François Guinochet, ainsi que le Lapin de Dürer qu'il laisse s'ébattre dans le Magasin de Ben en revendiquant là aussi un « art vivant »8.
La série de 1988 Les affres de la peinture raille encore l'image d'un artiste peintre démiurge et souffrant. Mais cette approche irrévérencieuse va peu à peu s'estomper pour laisser libre cours à son admiration pour l'histoire de la peinture, au fur et à mesure que le couple Guillaumon multiplie ses visites des musées européens – italiens, allemands et flamands surtout - et que s'aiguise le regard que l'artiste porte sur les tableaux, leur composition, la lumière, les costumes et la place des objets. On peut d'ailleurs émettre l'hypothèse que les deux « manières » qui se dégagent dans son travail à partir des années quatre-vingt - l'une plus expansive, l'autre plus retenue - font écho aux « manières » picturales ou périodes qui le fascinaient le plus : d'une part l'expressionnisme allemand, depuis Cranach l'Ancien jusqu'à Ernst Ludwig Kirchner dont il aimait tout particulièrement les gravures au trait acéré ; d'autre part la peinture de la Renaissance flamande et italienne, déjà présentes dans L'artiste et sa femme - un pastiche du célèbre Prêteur et sa femme de Quentin Metsys (1514 -), puis dans Le père, L'homme au gant de 1977, inspiré du non moins célèbre portrait du Titien9. Pendant les années quatre-vingt-dix, s'ouvrant avec La mort de l'artiste, puis les années deux mille, il va synthétiser tous ces apports de la peinture ancienne dans des compositions globalement plus méditatives, dont le clair-obscur provient autant du XVIIe siècle flamand que du baroque italien, dont les bleus, les rouges et plus rarement les jaunes se détachant sur des arrière-plans sombres, évoquent à la fois la peinture caravagesque et le classicisme français. Dans une série assez mystérieuse de 2004 (Nostalgie de l'architecte, JLB ou la vérité du poète, L'énigme du photographe et Le secret du calculateur), Guillaumon en appelle à la période métaphysique de Giorgio de Chirico mais également à toute une iconographie de la nature morte d'objets et de la Vanité.
Infusée dans tout le travail, l'histoire de l'art accompagnera de plus en plus l'artiste dans sa méditation sur le temps qui passe (L'attente de 2004 et le mélancolique Sans commentaire de 2007), dans ses hommages aux amis qui disparaissent (JLB ou la vérité du poète) mais aussi à son épouse Colette, seule autre personne à apparaître parfois dans ses photographies (version de 2004 de L'artiste et sa femme puis Colette et ses amants en 2007). L'échelle historique donne la mesure de ce qui persiste ou disparaît dans le temps long. En constatant la survivance de l'art envers et contre tout, elle octroie à l'artiste sa vertu consolatrice.
Compagnonnage
L'œuvre de Guillaumon relève donc moins d'une posture citationnelle post-moderne qu'elle n'incarne une conversation intime, entretenue en continu avec ses pairs contemporains et passés. Dès les années soixante, il organise des expositions et des programmes de performances « à la recherche d'alliés dans un contexte de vide artistique provincial »10. Il a côtoyé beaucoup d'artistes, de tout bord (Fluxus, BMPT, ORLAN, l'École de Nice pour ne citer que les premiers) et en a beaucoup réuni. D'ailleurs, à cette époque, il est très rarement seul dans ses propres expositions et s'adjoint le plus souvent un binôme, même quand l'invitation lui est destinée. Guillaumon a consacré toute sa vie à la mise en œuvre et à la diffusion de l'art sous toutes ses formes, et pourtant, il est toujours resté indépendant, n'a jamais adhéré ou fait partie de quelque mouvement que ce soit malgré ses affinités avec plusieurs, ni appartenu à un seul groupe (il honnissait tout particulièrement les regroupements artistiques régionalistes). Son groupe d'amis le plus proche, sa « famille » selon sa propre expression, était constitué d'amateurs de littérature, de poésie, de musique et de théâtre. Comme pour un Michael Büthe dix ou quinze ans après lui, l'acte créateur selon Guillaumon naît au sein d'une communauté d'affinités incluant tous les arts, une joyeuse sodalité qu'il s'est construite tout au long de sa vie et qu'il réunissait régulièrement à la Maison des Exposition de Genas puis au Centre d'arts plastiques de Saint-Fons lors de mémorables soirées ou journées de performances, concerts et expériences culinaires.
Anne Giffon-Selle, avril 2023
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— 1.
Son épouse Colette fut tout au long de la vie de l'artiste son assistante, entre autres pour toutes les prises de vue.
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— 2.
Sylvie Lagnier, Parler des œuvres de Guillaumon, est-ce parler de Guillaumon ?, Artpress n°309, février 2005
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— 3.
Un « choix d'artistes qui débordent et transgressent l'ordre historique de l'art », in L'art, fabrication ou transgression, Entretien avec Jean-Claude Guillaumon par Abdelkader Damani, Le Croquant n°55-56, 2007
- — 4.
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— 5.
Thierry Raspail, in Jean-Claude Guillaumon, Octobre des arts, 1985
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— 6.
Michel Le Bayon, La boîte à chaussures, texte pour l'exposition Jean-Claude Guillaumon, Souffler c'est jouer, Galerie José Martinez, Lyon, 2004
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— 7.
Que Guillaumon décrit ainsi : « [...] une toile avec une partie vierge, des traces de peinture, un bout de tapisserie arrachée ; au bas du tableau était fixée une étagère recouverte d'une nappe plastique colorée sur laquelle étaient posés des objets en plastique souple : cruchon jaune et noir, éclairs au chocolat, pommes rouges ; tous ces objets - de farces et attrapes - faisaient "couic-couic" lorsqu'on les pressait », in Abdelkader Damani, L'art, fabrication ou transgression..., op. cit.
- — 8.
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— 9.
Ou plutôt des portraits, car la version que Guillaumon nous donne de l'Homme au gant doit plus au Portrait d'un jeune anglais (aux yeux gris) du Palazzo Pitti (1540-1545) qu'au portrait éponyme du Musée du Louvre (1520-1522)
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— 10.
Jean-claude Guillaumon, in L'art, fabrication ou transgression..., op. cit.
Guillaumon...
J'ai rencontré Jean-Claude Guillaumon dans la première moitié des années 1980. C'était à Genas, dans la joliment nommée « Maison des expositions », le petit centre d'art qu'il animait avec Colette. Lieu modeste, budget à l'avenant mais chaleur de l'accueil et attention portée en priorité aux artistes. Il était toujours émouvant de voir ce grand type souriant, à la voix grave et au regard aigu mais amical. Une figure exemplaire de ces combattants de l'art contemporain qui firent la réalité vivante de la décentralisation culturelle avec leur passion courageuse plutôt qu'avec les moyens publics et les logiques administratives. Quel sens géo-stratégique pouvait-il y avoir à choisir le village périphérique de Genas ? Aucun ou presque. Mais Guillaumon n'avait pas de plan de carrière, pas de conquêtes à faire d'institution en institution. Guillaumon était d'abord un artiste, un de ceux qui n'attendent pas du marché ou des pouvoirs publics la reconnaissance de leur travail. Un de ceux qui ont le respect de leur œuvre et ne se demandent pas s'il y a lieu de la poursuivre plutôt que de changer de voie. Guillaumon gagnait sa vie en travaillant pour les artistes au sein des structures qu'il dirigeait. À Saint-Fons, il s'est battu jour après jour pour construire un centre d'art professionnel et une audience fidélisée pour les jeunes artistes qu'il y exposait. Je retiens son humour, sa générosité, sa modestie, son éthique, son engagement. S'il n'a pas cherché à se faire un nom rutilant dans le monde de l'art, son œuvre la plus marquante demeurera sans doute celle où, de sa belle voix de basse, il prononce son propre nom à l'infini. Artiste, curateur, médiateur, directeur, il ne quittait jamais l'art, l'art ne le quittait jamais.
Christian Bernard, janvier 2023
Jean-Claude Guillaumon, un homme à plusieurs facettes, à la fois un et multiple, comme il s'était plu à l'inventer et à le démultiplier dans son œuvre. Un, tous les matins dans son chrono-portrait quotidien, et multiple dans ses mises en scène percutantes.
Un artiste, d'une belle générosité, qui aimait les artistes. Il était un passeur et un militant pour l'art contemporain.
Un artiste qui n'avait pas un goût particulier pour le milieu de l'art ; mais qui aimait l'art et la vie, une belle utopie à laquelle il avait donné forme, l'œuvre de toute une vie.
Grand passionné à fleur de peau, il avait une mémoire vive, constamment en effervescence pour l'art, la poésie, la littérature, la musique, qui frôlait la boulimie et qu'il aimait partager avec les autres dans un enthousiasme débordant et contagieux !
Je l'ai connu dès 1983. Il a visité mon atelier et dans la foulée, il me proposait d'exposer à la Maison des expositions de Genas. Un lieu de rencontres magiques, d'échanges, de brassages, de rendez-vous indispensables et incontournables, avec des vernissages mémorables.
Il a réussi avec Colette, sa femme, à donner vie à l'art contemporain, combats et prouesses indéfectibles. Tout comme il continuera quelques années plus tard à Saint-Fons, avec une dimension plus importante qui convenait si bien à son appétit féroce d'art...
Jean-Claude était un ami cher, dont la pensée foisonnante m'est toujours stimulante.
Christian Lhopital, janvier 2023
À Jean-Claude Guillaumon,
Il s'est toujours vu comme un type trop grand.
Trop grand pour se dissimuler dans la foule. Trop grand pour atteindre l'embrayage sous le volant trop large. Trop grand pour s'équiper de baskets standards... Trop grand mais pas mécontent d'échapper à la norme. D'ailleurs du Stand-art, il en a fait un jeu en 1967, histoire de contourner la règle. Car la règle qu'il affectionne est graduée. C'est celle avec laquelle il mesure les murs trop petits du Hot-Club, toujours en 1967. Métrage est une installation millimétrée : le visuel est une affaire d'espace et le corps n'y est pas étranger...
Convaincu de l'efficacité déraisonnable de l'art, Jean-Claude a toujours fait en sorte de rester amateur. Très pro mais outrageusement amateur à la manière de Brecht, George pas Bertold, celui des Events infra-quotidiens, à la manière aussi de « Karawane », de l'« Ursonate », de la langue Zaoum, toutes forgées de mots inconnus pour « préserver à la poésie son domaine le plus sacré » (Iliazd).
La poésie c'est son truc. L'image, le rythme des mots, des sons, c'est le seul standard qu'il s'autorise : celui sur lequel on improvise : alto, percus, ferraille, pépiements, nuages et protons... Des milliers de CDs s'empilent, rangés dans l'atelier. Le dernier qu'il m'a laissé c'est Ross Bolleter « for ruined pianos and pianos on the edge of ruin », infernal, mais pas comme la guerre...
Alors on parle de Florence, de Ghirlandaio, de Piero, du Quattrocento... Je lui passe « Comment l'art devient l'art dans l'Italie de la Renaissance », ce livre formidable d'Édouard Pommier...
... Sur le temps, à l'image de Baudruche, cette œuvre de 1973 où il est question d'un art ballonné qui se gonfle et qui éclate dérisoire, sur le temps donc, Jean-Claude est plus que circonspect. Tragique. Tout son œuvre en témoigne depuis l'origine : Heure de fermeture, Éclipse, Effacement... Dans Chronophotographie à partir de 1974, l'image du Grand se décompose un peu plus chaque jour devant l'objectif. Autoportrait objectif : pour parer à la finitude, il n'y a que l'humour qu'on peut regarder en face...
J'avais promis à cet anti-clérical primaire qu'on boirait un autre flacon de « Grèves Vigne de l'Enfant Jésus », son Bourgogne préféré. C'est raté !
Alors, salut Jean-Claude, toi qui n'aimais ni les honneurs ni les hommages et qui pensais avec Satie qu'il ne fallait pas refuser la légion d'honneur ; qu'il fallait tout simplement ne pas la mériter. Là, c'est gagné !
Thierry Raspail, janvier 2023
L'artiste des artistes
Niek van de Steeg, janvier 2023
Jean-Claude Guillaumon était un artiste pour les artistes en organisant des expositions. D'abord dans son appartement au centre de Lyon et par la suite à Genas et Saint-Fons. Ces projets sont nés à l'époque où la décentralisation n'était pas un mot vain.
Avec Colette Guillaumon, Jean-Claude a commencé l'aventure de la Maison des Expositions de Genas en 1982, par une exposition préliminaire qui présentait des dessins de Chagall, Dufy, Léger, Matisse, Modigliani (pour les plus connus) - issus de la collection du Musée de Grenoble. Les commissaires de cette exposition étaient Christine Breton et Thierry Raspail.
L'ambition de Jean-Claude et Colette était de faire de la Maison de Genas un lieu en connexion avec l'art en train de se faire. Une aventure qui va durer au moins dix ans, avec pas moins de 150 artistes exposés.
En 1992, une pétition est organisée pour protester contre sa probable fermeture en tant que lieu d'exposition d'art contemporain. Les nombreuses lettres de soutien envoyées ne font pourtant pas changer d'avis la mairie. Heureusement, Jean-Claude continue son œuvre d'action et de promotion de l'art contemporain à Saint-Fons.
Durant ces dix années, nous avons été nombreux à voir de l'art à la Maison des Expositions de Genas. Un beau jour, le mur mitoyen de la maison, construite en terre battue, s'effondre à cause d'une fuite provoquée par le gel. Le mur coule littéralement dans les salles d'exposition : une parfaite installation par l'artiste inconnu.
Les soirées de vernissages étaient mémorables, par la quantité de visiteurs présents et également par les diners « chez Louvier ». On mangeait dans la salle derrière le café, ornée des trophées du club de foot de Genas et, si mes souvenirs sont bons, d'une énorme collection de petites bouteilles d'alcool, derrière des vitrines et accrochées au mur.
Il y avait régulièrement plus de quarante convives et, à chaque fois, c'était une fête. Jean-Claude parlait et riait avec sa voix forte et il créait une ambiance incroyable. On terminait le repas avec une rasade de digestif, souvent de l'eau-de-vie de poire, qu'on prenait debout au bar. Comment nous rentrions à la maison ? Je n'en ai aucun souvenir.
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La saison d'ouverture de la Maison des Expositions de Genas, en 1982, illustre bien la programmation à venir. L'exposition de dessins avec le Musée de Grenoble est suivie de l'exposition « Ménage à trois » des jeunes peintres Jean-Philippe Aubanel, Gilles Lecoffre et Alain Pouillet. Puis Ben, l'artiste de l'ego incarné, arrive avec 10 artistes de Nice. Quelques années plus tard, Guillaumon propose une exposition solo à Ben qui, pendant le vernissage, fait cuire du lard sur un réchaud tournant sur un tourne-disque. Peu après les niçois, il y a une exposition de photos de Gunsett, Negri et les presses de la cité. C'est un collectif d'architectes qui ne construisent pas mais qui photographient la ville, la campagne... Le mois suivant, Thierry Raspail et Christine Breton sont de retour à la Maison avec une exposition de trois femmes, Sylvie Blocher, Catharine Beaugrand et Corine Mercadier, intitulée « Les dames aux chapeaux verts ». La première saison s'achève avec une exposition montrant huit artistes du Centre-Sud, choisis par Michel Battle, directeur de la revue d'art Axe-Sud.
Ce tableau d'une année, au rythme d'une exposition par mois, montre bien l'énergie incroyable de Jean-Claude et Colette Guillaumon. Et ça continue avec plus de 150 artistes exposés, connus, inconnus, encore en activité, devenus célèbres, oubliés ou disparus...
« En accueillant de jeunes artistes pour leurs premières expositions et des artistes plus « posés » sur la scène nationale, Jean-Claude Guillaumon fait la démonstration de la vivacité de l'art contemporain. La Maison des Expositions de Genas, petite ville de la banlieue lyonnaise, est fréquentée par un public composite original : les habitants de Genas et les régio-amateurs « éclairés » d'art vivant sous toutes ses formes », peut-on lire dans le dépliant reproduit ci-contre.
Jean-Claude et Colette créaient des expositions avec la seule contrainte de témoigner de l'art vivant : toutes les formes de l'art actuelles étaient présentées, sans exclusion et avec une constante : l'audace de la curiosité pour toutes les expressions contemporaines.
Bravo l'artiste pour les artistes !
Niek van de Steeg, janvier 2023
Documents issus des archives de la Maison des Expositions de Genas
C'était une de mes premières expos, au Centre d'arts plastiques de Saint-Fons. Tout de suite, j'ai été à l'aise pour l'accrochage grâce à ton humour, Jean-Claude. Tu avais même mis la télé pas droite, comme les peintures que j'avais accrochées de biais au dessus.
L'accrochage tombait aussi le 11 septembre 2001, on avait tout stoppé pour regarder les infos à la télé. « On est en pleine science-fiction » avais-tu dis !
Tu avais parlé des premiers happenings à Lyon dans ton appartement, où tu avais mis de la terre sur ton lit et planté des fleurs, il y avait Filliou et Ben ; Ben qui avait mis un petit mot dans les escaliers : « Tu peux regarder par la fenêtre c'est suffisant ! ». C'étaient des chouettes histoires que tu nous racontais là !
Tous ces bons souvenirs restent et vivent toujours dans ma mémoire. Comme ça, tu restes présent.
Anne Marie Rognon, janvier 2023
Jean-Claude Guillaumon
David Leyval, janvier 2023
J'ai côtoyé Jean-Claude presque quotidiennement pendant les 20 ans de notre présence commune dans les services de la mairie de Saint-Fons. Il était arrivé un an avant moi comme directeur du tout nouveau centre d'arts plastiques, avec l'expérience de la maison des expositions de Genas. Nous étions dans le même bâtiment, un peu à l'écart de l'hôtel de ville.
Nous avons souvent partagé les repas de midi au restaurant de la place Durel, dont un grand nombre se sont finis au « Jacoulot », le marc égrappé du Beaujolais, qui représentait sa conception toute personnelle de la « sainteté », comme il aimait à le dire après avoir vidé son verre.
Le premier mot qui me vient à l'esprit à propos de Jean-Claude est « partage », partage des passions notamment et il en avait beaucoup. Je ne l'ai pas suivi sur toutes, il m'aurait fallu plusieurs vies, mais nous avons quand même eu de nombreux échanges sur la littérature, le théâtre, la musique, le cinéma, et même la cuisine, et bien sûr les arts plastiques.
C'est peut-être pour cela que le restaurant était le lieu idéal car on y partageait tout ce qui nous importait en même temps, le repas, la boisson, ce que nous avions vu et entendu, avec quelques favoris, Ken Loach, Thomas Bernhardt... De ce dernier, il appréciait, comme moi, la férocité jubilatoire, et l'autodérision sans concession qu'on retrouve aussi dans son œuvre personnelle.
Ce restaurant était devenu en quelque sorte un lieu de rituels. Il y avait bien sûr les repas avec les artistes pendant le montage des expositions, avec le « baptême au Jacoulot », et les repas de vernissages. Régulièrement, notre cercle s'élargissait pour un repas de grenouilles, abondamment arrosé au Mâcon, ou pour l'arrivée du Beaujolais nouveau.
Le Beaujolais était un peu son pays. Il m'a beaucoup parlé de sa jeunesse, très loin de la culture au départ. J'ai eu un moment la tentation de prendre des notes pour retranscrire ses débuts d'artiste à Lyon dans les années « 60 », période héroïque avec les premières expositions et performances au Hot Club ou à l'ELAC, mais comment retranscrire aussi l'expression, le verbe, le geste, et les croquis sur la nappe intimement mêlés, exposés si vivants qu'ils m'ont donné le regret de ne pas avoir connu ce temps.
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Je connaissais déjà la musique contemporaine avant de le rencontrer, ayant suivi dès l'origine les activités du Grame, et notamment « Musiques en scène », mais avec lui j'ai découvert quantité de compositeurs. Ses « vieux potes » comme il disait étant plus portés sur le jazz, qu'il adorait aussi, il se tournait souvent vers moi pour ce répertoire. On se voyait ainsi aux concerts du Grame, ou à ceux, gratuits, de l'atelier du XXe siècle du CNSM, salle Varèse. J'ai particulièrement en tête le souvenir du concert consacré à Helmut Lachenmann, qui nous avait transporté.
« Transport » est le mot car Jean-Claude ressentait physiquement la musique, qui pouvait provoquer chez lui larmes aux yeux et poils hérissés. Aussi aimait-il accompagner ses vernissages d'un concert, dès que l'occasion se présentait. Ensuite venait le repas avec les artistes et musiciens. J'ai ainsi conservé quelques notes écrites par Pascal Dusapin sur la nappe en papier du restaurant !
Il était très heureux d'avoir transmis une part de ses passions à ses enfants. Il m'en a souvent parlé. Confronté à un rejet au temps de leur adolescence, il avait d'abord pensé avoir échoué, avant de voir avec émotion ses enfants s'intéresser à l'art. Lui avait mis toute sa vie à rattraper le retard de connaissance de son enfance.
Toute son œuvre exprime son amour de la peinture, sans limite. Je me souviens qu'il avait été très choqué que je critique, en parfait ignare, la collection d'art moderne du palais Pitti, et notamment les tableaux italiens du dix-neuvième siècle. Il connaissait à fond l'art italien avant même de l'avoir vu. Sur le tard seulement, il a fait de beaux voyages en Italie, dont j'avais ensuite le compte-rendu détaillé, parfois même illustré de croquis.
Chez Jean-Claude, l'homme et l'œuvre sont, à première vue, totalement liés, même si l'un n'est pas nécessairement le sujet de l'autre, mais plutôt une figure récurrente. Le dédoublement traverse pourtant sa production artistique. J'ai toujours été fasciné par les œuvres intitulées « Jean et Claude », dont il y a plusieurs versions je crois. Je pense notamment à celle où il(s) ressemble(nt) aux Goncourt (enfin tels que je les imagine). De même, la performance réalisée à la Médiathèque de Villeurbanne, un demi Jean-Claude noir et barbu affrontant au jeu de go un autre demi Jean-Claude blanc et imberbe, était impressionnante. Il y avait d'ailleurs une part de réalité car il n'avait pas d'adversaire dans son entourage à ce jeu !
A posteriori, j'ai le sentiment que l'œuvre entière, pour la partie photographique, et si on pouvait la voir in extenso, se déroule comme une immense pièce de musique, à la fois improvisée et répétitive, où la figure unique, parfois accompagnée tout de même de Colette, souvent en mouvement, et toujours expressive, donne intensité et rythme, proche finalement des concerts de Charlemagne Palestine, qu'il avait exposé, et que nous avons entendu au cours de soirées mémorables. Je pense aussi au « Guillaumon » lancinant qui a accompagné certaines de ses expositions et qu'on peut voir comme un véritable contrepoint à l'œuvre plastique.
Dans ses instantanés se retrouvent condensés tous les arts qui lui importaient, la peinture, le cinéma, le théâtre... Le média qu'il avait choisi, un peu par hasard, a permis cette fusion, avec une grande économie de moyens. Parmi les expositions qui lui ont été consacrées, je retiens celle du théâtre de Privas. D'abord parce que travaillant à l'époque à Annonay, elle m'avait valu une traversée épique de l'Ardèche. Ensuite parce que le lieu était extraordinaire, à sa démesure, décalé dans cette minuscule préfecture. Enfin parce que Jean-Claude est pour moi un homme de théâtre.
Il était un peu le « Planchon des arts plastiques ». Il a amené les artistes les plus exigeants dans des lieux improbables, banlieue ouvrière comme Saint-Fons, ou plus fort encore, commune périurbaine comme Genas. Puisque j'ai évoqué Planchon, que de souvenirs me reviennent aussi des spectacles du TNP que nous avons commentés ensemble. Un particulièrement me reste en mémoire parce qu'il l'avait bouleversé : Le Laboureur de Bohême, un dialogue stupéfiant avec la mort, que lui-même avait osé avec « La mort de l'artiste ».
Jean-Claude m'avait dit un jour, après avoir vu Umberto Eco à la télévision, combien il trouvait qu'ils se ressemblaient, et pas seulement physiquement. Je n'y avais jamais pensé, mais après ça m'a paru évident. Ils avaient la même gourmandise joyeuse et communicative, jamais blasée et jamais rassasiée.
Il disait qu'il n'avait jamais imaginé d'autre destin que celui d'artiste, même s'il a travaillé un temps dans l'industrie. Parfois on croisait au restaurant certains de ses anciens collègues et lui si disert ne trouvait plus grand-chose à leur dire. C'est un monde qui lui était désormais étranger même s'il a toujours été sensible aux questions sociales, comme le montre sa fidélité à Ken Loach dont il a vu, je pense, tous les films.
David Leyval, janvier 2023
L'amour en HLM, 1978
Diptyque, 2 photographies argentiques, 72 x 72 cm chacune - Collection Artothèque du Centre d'Arts Plastiques de Saint-Fons
Extraits des newsletters écrites par Ben depuis 2003
Sélection spéciale en souvenir de Guillaumon
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BEN À ST FONS - 2003-10-22
SAINT FONS
Guillaumon m'a invité à réaliser sa dernière expo à Saint Fons en souvenir de la première expo que j'ai faite chez lui à Genas. En Mars 1968, Guillaumon et Guinochet qui habitaient un appart à Lyon nous avaient invités Filliou, George Brecht, Dietman et moi à exposer à Lyon. Je ne me rappelle plus de qui était l'idée mais on décida de faire la tournée des restaurants et de manger à Lyon en guise d'expo. Ça fait presque 40 ans de cela et me voilà à Saint Fons avec un camion plein d'œuvres. Décidément je n'ai pas appris la leçon de « la vie est art ». Je n'ai pas encore le courage d'arriver les mains dans les poches, de demander une chambre d'hôtel...
MON EXPO À SAINT FONS
Il y avait du monde mais cela ne veut rien dire. Ils viennent peut-être pour le buffet. Mon texte sur le mur : « en ce temps là... » plutôt pessimiste. Comme le catalogue. C'est que je suis vraiment en ce moment un peu pessimiste avec l'art, la politique, etc. Ludo m'aide beaucoup. Guillaumon, qui je crois devait partir, rempile sans doute pour deux ans.
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IL Y EN A POUR TOUT LE MONDE - 2009-03-01
GUILLAUMON LE SAINT PROTECTEUR DE ST FONS
Jean-Claude Guillaumon a de l'énergie à revendre, il veut sauver Saint Fons et lance une pétition tous azimuts.
Je n'aime pas les pétitions, par contre j'aime écrire ce que je pense de la situation. Après avoir lu toutes les données, je pense qu'il est curieux que ce soit la municipalité de gauche qui veuille arrêter Saint Fons que la municipalité de droite avait défendu. Le monde est à l'envers.
Guillaumon est un électron libre qui a fait beaucoup pour l'art à Lyon et Saint Fons, avec sa femme Colette. Vingt ans de travail sans relâche.
Ceci étant, ayant une indigestion de la mayonnaise culturelle, je pense qu'on devrait changer le centre d'art de Saint Fons en Centre de rencontres amoureuses.
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J'ARRIVE PAS À M'ARRÊTER - 2012-11-19
NICE CULTURE
À l'Espace à Débattre, du beau monde à l'expo sur le cerveau : [PAS DE CERVEAU, PAS DE CHOCOLAT !]
Guillaumon a eu le premier prix pour son collage ''un cerveau'' rempli uniquement de Guillaumon.
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VOILÀ C'EST REPARTI - 2018-02-04 - LACHEZ-MOI LES BASCKETS - 2018-03-01
BEN À LYON
Expo Ben possible à Lyon chez Pallade ?
Plusieurs idées :
un mur avec mes amis Ughetto, Guillaumon,
un mur Ben.
Que faire à Lyon ?
je voulais abandonner
je n'abandonne pas
j'ai 82 ans
je n'ai plus l'âge de faire un strip-tease
Que faire à Lyon ?
Faut-il vouloir les étonner ?
Pourquoi ce besoin en art de vouloir étonner à tout prix ?
Comment étonner ?
Henri Ughetto travaillait avec des millions de gouttes de sang
- et si je me coupais les veines dans une baignoire au milieu de la galerie ?
- et si j'installais un lit double pour dormir et faire l'amour ?
- et si je distribuais des certificats m'autorisant le harcèlement sexuel ?
- et si je mangeais une langue de bœuf au milieu de la galerie ?
- et si je vendais mes toiles en bit coin ?
- et si je chantais le blues ?
- et si je tournais un film vérité avec Guillaumon ?
- et si j'avouais que j'aurais aimé être « el Nino » de l'art contemporain, une catastrophe ?
- et si j'essayais de m'arrêter de chercher des idées ?
Parfois c'est facile parfois c'est difficile.
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QUI VIVRA VERRA - 2022-11-23
JE PROPOSE
Un espace pour les artistes morts : Albinet, Mis Tic, Lizène, Guillaumon...
Avec une toile de Ben « On pense à vous »
Avec une liste d'attente dans laquelle je figure.
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« FLUXUS - FLUXUS » EST TERMINÉ ET PASSÉ ET JE RETROUVE CES NOTES SUR MON MAC. J'AI DEUX SOLUTIONS : LES METTRE À LA CORBEILLE OU LES COLLER DANS « FLUXUS 1963 2003 » - 2003-12-03
FLUXUS IDÉES
Pour Fluxus à Nice les idées s'enchevêtrent :
Di Maggio, Gualco pour nous prêter des pièces.
32 matelas sur le Parvis.
Une balançoire pour « Fluxus s'en balance ».
Un confessionnal pour « Vous pouvez tout dire à Fluxus ».
Où trouver les raquettes de ping-pong de Maciunas ?
Guillaumon ne vient pas le 12 parce qu'il vernit à Saint Fons.
Antaki veut venir mais pour vendre de la bière.
Guillaumon m'a dit : pourquoi-pas trouver un lapin et re-exposer Le Lapin de Dürer ? [tableau vivant de Guillaumon et Guinochet]
Pierre m'a dit : Pourquoi pas à un coin de rue avoir une table et simplement offrir un verre d'eau aux passants ? Boire un verre d'eau est Fluxus (Snyers l'a fait).
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BEN À LYON - 2010-05-27
BEN À LYON
Repas chez Raspail avec Guillaumon et Colette.
Guillaumon toujours le même. Il trouve que le deuxième étage de mon expo est trop ordonné, pas assez pagailleux. Il a peut-être raison. Il aurait fallu un camion de plus, il manque des totems...
On parle culture. Je perds la mémoire mais je me souviens de Maubant, de Marie-Claude Jeune, de Michel Noir. La femme de Thierry a des jambes superbes.
LE STRIP TEASE CONTINUE
Questions que je me pose :
Pourquoi la municipalité a t'elle fait fermer St Fons ?
Pourquoi dans ce débat sur l'identité, n'a t'on pas entendu les corses ?
Pourquoi si un basque vous dit : je veux être considéré comme un basque et pas un français, le met t'on en prison ?
Pourquoi Guillaumon ne m'a t'il pas fait parvenir sa liste d'emails ?
Pourquoi j'ai adoré le film My blueberry nights de Wong Kar-Wai, Bagdad Café, mais pas Avatar ?
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LA FONDATION DU DOUTE - 2013-02-24 - TOUS À BLOIS - 2013-04-01
« LA FONDATION DU DOUTE ET FLUXUS À BLOIS »
Voici ma position ou comment j'aurais aimé voir les choses :
Pour que l'esprit Fluxus gagne sur l'œuvre d'art statique et que la Fondation du Doute ne ressemble pas pour 8 ans à un accrochage d'œuvres en rang d'oignons, il faut que l'espace soit plein d'idées, de citations, de documents, de questionnements en mouvement.
Une petite idée vaut parfois une grande œuvre, et toute œuvre, grande ou petite, commence par une idée.
J'aimerais voir petit à petit ce musée se remplir comme j'ai rempli mon magasin, comme j'ai rempli mon atelier, comme j'ai rempli la chambre à coucher d'Annie.
Un musée d'idées d'esprit Fluxus, art attitude, non art. Pourquoi pas ? [...]
[J'ai fait] la liste des artistes que j'aimerais voir participer à cette aventure, des egos qui se démangent et grattent l'art. Ceux pour le Pavillon (exposition temporaire) et ceux pour les salles Fluxus (exposition permanente de dix ans). [...]
GOULESQUE PRÉPARE DANS LE PAVILLON
le mur des manifestes, parce que lorsqu'on est en colère et qu'on a quelque chose à dire, on écrit un manifeste.
GUILLAUMON PARCE QUE :
Il a compris que l'art était fait d'ego, comme une baudruche qui se gonflait et se dégonflait.
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VÉRITÉ OU MENSONGE - 2021-05-23
CULTURE IMPORTANT
Il faut former des collectionneurs
- post Dada
- post Fluxus
Intelligents, capables de comprendre :
Jonier Marin
Alain Snyers
François Guinochet
Guillaumon
L'invisible de Max Horde
Bruno Duval l'interrogation
Nicolas ETC ETC
Pour avoir la liste écrivez-moi.
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Mail - 2023-01-08
Voilà je pense à Jean-Claude.